Les mondes

du terrain vague

Usages et résistances

Dans l’est d’Hochelaga-Maisonneuve se déploie un grand terrain vague formé de friches industrielles et d’espaces boisés. Approprié par les promoteurs industriels, revendiqué par les populations locales et habité par des personnes marginalisées, il forme un espace liminaire où se manifestent les tensions entre les conceptions capitalistes du développement urbain et les aspirations politiques et communautaires des habitant.e.s. Conçu comme une rencontre de recherche engagée, ce colloque vise à approfondir la compréhension des multiples dimensions de « ce qui se joue » au terrain vague. Cherchant à joindre la sociologie critique du capitalisme au tournant ontologique en anthropologie, notre objectif est de multiplier les analyses et les angles d’approches afin de mieux appréhender les mondes du terrain vague. Le colloque sera organisé autour de trois axes : 1- Capitalisme logistique, innovations et technologies; 2- Usages, expressions, imaginaires; 3- Résistances et territoires.

Argumentaire

Au cœur de Tio’tia:ke / Mooniyang / Montréal, se trouve un grand espace en friche surnommé le terrain vague. Composé d’anciens terrains industriels, de boisés et de voies ferrées à l’abandon, le terrain vague d’Hochelaga se déploie à la marge de la ville comme un lieu de rencontre entre une diversité de personnes, d’espèces (végétales et animales), d’objets, de discours, de visions du monde et de manières d’habiter. 

En 2016, une partie du terrain a été achetée par l’entreprise Ray-Mont Logistiques (RML) qui souhaite y implanter l’une des plus grandes plateformes de transbordement de marchandises en Amérique du Nord. Situé à une centaine de mètres des maisons les plus proches, ce projet a fait face à une importante mobilisation populaire revendiquant l’expropriation de l’entreprise et la préservation des boisés et des espaces en friche. Le terrain s’est alors animé de nouveaux usages politiques (blocages, manifestations, réunions politiques, occupations, campements) et le mouvement a réussi à retarder la réalisation du projet. Mais le terrain vague est toujours dans la mire de l’État et des entreprises pour une reprise du développement : au projet de RML s’ajoute la construction d’un viaduc portuaire, le prolongement de deux boulevards et la création d’un « Écoparc industriel ». Le développement de ces infrastructures s’inscrit notamment dans la nouvelle vision maritime du gouvernement du Québec, qui vise à faire du fleuve Saint-Laurent un « corridor économique », par l’établissement de zones d’innovation le long des berges et la création de pôles logistiques coordonnés par l’intelligence artificielle (MTQ, 2022).

Crédit photo : Jean-François Dubé

Colloque interdisciplinaire

Les deux et trois juin sous le chapiteau au Boisé Steinberg

Comité scientifique

Yves-Marie Abraham, Management, HEC Montréal

Ségolène Guinard, Anthropologie, Université McGill

Dalie Giroux, Études politiques, Université d’Ottawa

Carole Lévesque, École de design, UQAM

Amy Poteete, Science politique, Université Concordia

Comité organisateur

Estelle Grandbois-Bernard, Sociologie, UQAM, CELAT

Joris Maillochon, Sciences de l’environnement, UQAM, CRISES

Simon Marcoux-Piché, Sociologie, UQAM, STASIS

Annabelle Rivard Patoine, Sociologie, Université de Montréal, STASIS

Partenaires

Stasis, Groupe d’enquête sur le contemporain (https://groupestasis.com/)

GRIP-UQÀM (https://gripuqam.org/)

Programme

Le colloque se déploiera sur quatre jours, du jeudi au dimanche. Il sera composé notamment de communication (15 minutes), table-ronde (2 heures), performance (durée libre), atelier (1 heure 30), exposition, projets d’art visuel, projections.